Ateliers PREVIRISQ Inondations 2022

Inondations : mieux anticiper les évènements extrêmes et leurs conséquences

L’événement national multipartenarial



L’évènement est construit autour de tables-rondes et d’ateliers de co-construction, de visites et un espace réservé aux présentations d’outils et démarches, dont des exercices de mise en pratique. Les ateliers PREVIRISQ Inondations 2022 ont été accueillis au Grand Bornand sur le territoire de l’EPTB Arve.


Un rendez-vous majeur pour les acteurs PI

Les Ateliers PREVIRISQ Inondations (API) constituent un temps fort pour les acteurs territoriaux en charge de la prévention des inondations, et en particulier les collectivités et leurs groupements spécialisés. Autour d’enjeux nationaux, les Ateliers PREVIRISQ Inondations proposent de manière articulée des tables-rondes, des ateliers, des présentations d’outils et de démarches, des visites qui favorisent une mise en réseau des acteurs concernés, un partage des connaissances et des expériences opérationnelles, et l’élaboration de recommandations pour une plus grande efficacité de l’action locale.

Contexte et Enjeux

Les phénomènes météorologiques extrêmes sont de plus en plus fréquents et entraînent une évolution de l’occurrence, de l’intensité et de la saisonnalité des inondations et de leurs conséquences de manière variable en France.
Chaque territoire national (métropole et Outre-mer) peut être aujourd’hui confronté à des évènements différents, nouveaux, éventuellement plus violents et plus rapides.
Dans ce contexte d’incertitudes, les collectivités doivent mettre en place des actions qui permettent d’anticiper et de prévenir les potentielles conséquences, de ces phénomènes extrêmes, parfois au-delà du champ qui était jusqu’à présent considéré comme possible.


1. Le déploiement d’une expertise territoriale renforcée et pérenne qui intègre un champ élargi des possibles et les incertitudes, tant en termes de fréquence, de période et de localisation, que de vitesse et d’intensité ou encore d’impacts, est le socle incontournable d’une action plus efficace.

2. Une meilleure information de tous les acteurs/ parties prenantes, de manière régulière, à toutes les échelles permet également une action plus systématique et généralisée, mieux adaptée aux spécificités, plus efficace.

3. L‘action est tout d’abord préventive : un aménagement global et adapté du bassin versant, qui réduit les conséquences pour les personnes et/ou les biens des phénomènes météorologiques extrêmes actuels et à venir, et permet une plus grande résilience à leurs impacts, est un objectif prioritaire et central.

Mais il faut également réagir collectivement et en synergie lorsque la crue arrive, et le plus rapidement possible, lorsque les risques de dommages sont importants. Si les bassins à cinétique rapide sont « naturellement » et plus régulièrement concernés, de nombreux autres territoires doivent aujourd’hui aussi s’y préparer. Une préparation pérenne et régulière, qui intègre la gestion des crues rapides, est un des piliers pour une plus grande efficacité.

Chaque temps des Ateliers PREVIRISQ Inondations répondra aux 4 objectifs opérationnels ci-dessus.

Il est proposé d’axer l’élaboration de recommandations sur l’accompagnement des élus locaux, notamment  en termes d’information et de mobilisation des citoyens et des acteurs économiques (professionnels du tourisme, et en particulier les établissements d’accueil en plein air fortement exposés, aménageurs, …) et d’aménagement durable du territoire.

Sur l’ensemble de l’événement, ateliers, visites et présentations d’outils et de démarches alimentent deux parcours thématiques.

PARCOURS A – Mieux travailler ensemble pour faire face aux Evénements extrêmes
PARCOURS B – Spécificité de la prévision et prévention des Crues rapides


Ouverture

Le maire du Grand Bornand, André Perrillat-Amédé, nous a fait l’honneur d’introduire cet évènement. A ses côtés, Bruno Forel, Président du SM3A et co-Président de l’ANEB, et Frédéric Molossi, Président de l’ANEB.



Tables rondes

TR1 : Phénomènes extrêmes : vers une meilleure connaissance des impacts du niveau national au local

A cette table ronde animé par Eric GAUME et Michel LANG de la Société Hydrotechnique de France, plusieurs spécialistes du risque inondation ont apporté leur témoignage sur l’évolution récente du risque d’inondation en France et en Europe.

Yves TRAMBLAY, chercheur en hydrologie à l’IRD et co-auteur du chapitre Méditerranée du 6ème rapport du GEIC, évoque des tendances observées depuis les 50 dernières années sur les pluies et crues extrêmes en France, et ce à quoi on peut s’attendre pour le XXIe siècle du fait du changement climatique.

Maria-Helena RAMOS, directrice de recherche à INRAE, revient sur les inondations de juillet 2021 en Allemagne et Belgique, une des pires catastrophes naturelles de ce début de siècle en termes de victimes et dommages, apportant une réflexion sur la gestion des incertitudes dans la prévision des crues.

Jean-Philippe NAULIN, chargé d’études statistiques et de modélisation à la CCR, indique les évolutions constatées sur la sinistralité due au risque d’inondation, et comment les assureurs se préparent aux évolutions induites par le changement climatique.

Sybille MULLER, cheffe du bureau des risques inondation et littoraux de la DGPR au sein du Ministère de la Transition Ecologique, expose différents outils de prévention du risque d’inondation et de leur adaptation aux changements sur les aléas et les enjeux.

TR2 : Evènements extrêmes : ensemble pour mieux anticiper

Cette table-ronde est animée par Ghislaine VERRHIEST, future directrice de l’Association Française pour la prévention des catastrophes naturelles et technologiques (AFPCNT). Elle vise à montrer comment à partir d’un évènement extrême qui est survenu sur un territoire, en l’occurrence la catastrophe du Grand-Bornand en juillet 1987, les acteurs ont évolué dans leurs pratiques du « faire ensemble ». Aussi, comment faire « durer » ces organisations d’une part, et d’autre part comment les déployer sur des territoires qui n’ont pas vécu de telles catastrophes mais dont la probabilité d’y être un jour confronté augmente avec les impacts des changements climatiques.

L’ANEB présente en fin de séance les propositions de son Livre BLEU pour une organisation par bassin sur tout le territoire national qui doit contribuer à une action partenariale et globale, renforcée et pérenne.

Avec la participation de André PERRILLAT-AMEDE – maire du Grand Bornand ; Julien LANGLET – directeur de la DDT Haute-Savoie , Bruno FOREL – Président du SM3A et co-Président de l’ANEB ; Marie-Louise DONZEL-GONET – vice-Présidente déléguée à l’agriculture, la forêt et l’alimentation au Conseil Départemental de Haute-Savoie ; Sybille MULLER – cheffe du bureau des risques inondation et littoraux de la DGPR au Ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires ; Frédéric MOLOSSI – Président de l’ANEB .

Ateliers

Les ateliers en salle est l’occasion de découvrir et d’échanger autour de retours d’expériences variés et d’outils existants ou en cours d’élaboration.

Parcours A :

Atelier A1 : Construire une expertise territoriale partenariale et pérenne pour mieux anticiper l’ensemble des risques

Les phénomènes météorologiques extrêmes s’accentuent et leurs impacts en termes d’inondations (débordement de cours d’eau, ruissellement urbain et agricole) sont variables. Les risques évoluent, ainsi que les interactions entre les différents pans de la gestion de l’eau, et même avec l’ensemble des autres risques. Aussi, il s’avère nécessaire d’avoir une meilleure visibilité globale de la situation (connaissance et évaluation), pour mieux se préparer en amont pour être plus efficace lorsque l’événement survient et mieux agir en cas de crise.

  • L’adaptation de la Sécurité civile face aux défis climatiques à l’horizon 2050, DG SCGC, Y. HOCDE

  • Le réseau interrégional des Territoires Alpins de Gestion Intégrée des Risques Naturels (TAGIRN), PARN, B. EINHORN illustré par la Communauté de communes des Vallées de Thônes, CCVT, C. LOIREAU

  • L’organisation territoriale pour anticiper et faire face à la crise, IRMa, F. GIANNOCCARO

Atelier A2 : Assurer une information des citoyens de manière régulière et coordonnée pour une action adaptée

Si la connaissance des phénomènes s’améliore, le facteur limitant est souvent l’information du public. Ceci est encore plus vrai au regard de l’accentuation des phénomènes extrêmes, et à l’incertitude quant à leur occurrence, intensité et localisation. Toutes les populations doivent aujourd’hui apprendre à vivre avec ce risque (potentiel), avoir conscience du risque qui existe sur son territoire et savoir comment s’y préparer.

  • Développer une culture du risque, DGPR , S. MULLER

  • Le dispositif Episeine : ensemble pour la prévention des inondations, Seine Grands Lacs, F. GACHE (Voir la plateforme)

  • De la sensibilisation des scolaires à la formation des élus, SM3A, M. VASSOR

Atelier A3 : Renforcer la synergie entre les politiques publiques pour une meilleure adaptation des territoires aux risques liés aux évènements extrêmes

Si une meilleure anticipation organisationnelle est primordiale, les stratégies d’adaptation des territoires face aux conséquences des évènements extrêmes le sont tout autant. Aujourd’hui l’aménagement des territoires doit tenir compte et anticiper ce qui était jusqu’alors impensable afin de réduire les conséquences de ces évènements extrêmes. Si les ouvrages de protection restent par endroits indispensables, un aménagement du territoire tenant compte d’un aléa maximum, respectant les espaces de bon fonctionnement des cours d’eau, les zones d’expansion des crues est aujourd’hui une voie à suivre et à renforcer.

Voir la fiche des résumés de l’atelier

  • Planification et approche partenariale, DGPR et DEB, S. MULLER et A. GUILBERT

  • Exploitation des zones d’expansion des crues sur le bassin de la Loire et de ses affluents, EP Loire, R. COLIN

  • La restauration des espaces de bon fonctionnement, SMMAR, H. MATHIEU-SUBIAS

  • Projet Isère amont : effets sur l’environnement, SYMBHI, D. VERDEIL

  • Les zones d’expansions des crues : une nouvelle démarche ascendante basée sur une approche intégrée du cycle de l’eau, Seine Grands Lacs, P. GOUJARD

Parcours B :

Atelier B1 : Améliorer la prévision des crues rapides grâce à des outils adaptés

Sur les bassins à cinétique rapide, l’issue d’un évènement dépend de la vitesse de réaction des acteurs de la prévention et de la gestion de crise. Il est indispensable de prendre en compte les spécificités de ces territoires, afin d’adapter les outils pour gagner ces précieuses minutes qui peuvent faire la différence.

  • Les services APIC et Vigicrues Flash : évolutions et perspectives, SCHAPI et Météo France, A. BELLEUDY et L. MAGNOULOUX

  • Comment prévoir les crues en dehors des tronçons de l’Etat?, SM3A et EDF, C. JOUSSE et A. VALERY

Atelier B2 : Raccourcir le temps de la décision et de l’action en cas de crues rapides

Certains bassins connaissent des crues rapides, qu’il s’agisse des crues torrentielles des bassins versants de montagne, ou bien de concentration des débits dans des bassins fortement imperméabilisés, certains bassins, petits ou grands, connaissent des crues rapides. Sur ces bassins, la survenue de phénomènes extrêmes peut être dramatique. L’un des leviers pour faire face, est d’améliorer l’anticipation, leur prévision.

  • SIRS Digues : l’outil métier de gestion des digues et cours d’eau, France Digues, J. PERRIN (Télécharger le logiciel)

  • Mise en place d’un système d’avertissement local aux crues dans le bassin versant de l’Ubaye, CC Ubaye Serre-Ponçon, R. BENNAHMIAS

  • L’outil SHYVAA, SMMAR, H. MATHIEU-SUBIAS

Forum

Le Forum est un espace et un temps dédié aux échanges entre tous les acteurs présents : intervenants et participants, agents, chercheurs et élus. Il permet aux acteurs nationaux et territoriaux de présenter leurs outils, démarches, études et projets relatifs à l’amélioration de l’anticipation et de la réduction des impacts des événements extrêmes.

Exercices

Exercice de simulation : Gestion des digues en situation de crue

Exercice destiné aux gestionnaires d’ouvrages de protection contre les inondations, les participants sont mis en situation et devront se répartir les rôles afin d’assurer leurs missions lors d’un épisode de crue.

Cet exercice de simulation permet de s’interroger sur l’organisation du gestionnaire d’ouvrages en cas de crue : comment assurer la surveillance des digues dans ces conditions ? Quels services mobiliser en interne ? Comment mener des interventions d’urgence en cas de désordres ? Quelles relations avec les communes et la préfecture ? Comment communiquer ?

Exercice de simulation : Gestion de crise PCS – EXOCRISE

Les participants doivent déclencher et utiliser un Plan communal de sauvegarde (PCS) face à une inondation. Il faut endosser le rôle des élus et agents de la commune et assurer la sécurité des personnes, des biens et de l’environnement. Les défis sont nombreux et le travail interservices indispensable (avec les pompiers, le gestionnaire d’ouvrages, les gendarmes, la Préfecture…) sans oublier l’indispensable communication de crise.

Cette simulation s’adresse particulièrement aux élus locaux, aux agents des collectivités et aux acteurs du territoire qui s’intéressent de près ou de loin à la gestion de crise. Ainsi les participants peuvent prendre conscience des difficultés récurrentes en gestion de crise et de la nécessité de travailler à l’opérationnalité des dispositifs de gestion de crise au-delà d’une simple démarche administrative ou règlementaire.

Visites

Les visites terrain proposées ont pour but d’illustrer les thématiques des ateliers PREVIRISQ inondations grâce aux actions des acteurs du territoire.

Retour sur la catastrophe du 14 juillet 1987 au Grand Bornand


Jeudi 30 juin, 9h-13h

Descriptif : Le SM3A, par délégation et pour le compte de l’Etat, a inscrit au PAPI 2 de l’Arve le projet de confortement de la digue « de la Chatelaine » protégeant les communes de Annemasse et Gaillard contre les crues de l’Arve. Dès les études de conception, le SM3A a intégré des objectifs environnementaux ambitieux : maximisation du génie végétal dans le système d’endiguement, ajout d’un projet de restauration morphologique du lit de l’Arve par élargissement, intégration d’un tronçon de piste cyclable. L’essentiel des travaux sera achevé à mi 2022, et la visite du chantier permet de rapidement appréhender le résultat en lien avec les contraintes du site.

Jeudi 30 juin, 14h30-18h30

Descriptif : Le torrent de la Griaz trouve sa source dans le massif du Mont Blanc, au pied de l’Aiguille du Goûter, et traverse le centre des Houches avant de rejoindre l’Arve en empruntant un « pont canal » enjambant la route nationale desservant le tunnel du Mont Blanc. Ce torrent produit régulièrement des laves torrentielles, susceptibles d’amener une grande quantités de cailloux dans la traversée de la zone urbaine. C’est pourquoi le SM3A, grâce à un financement par le 1er PAPI de l’Arve, a entrepris de rehausser les digues au droit des habitations, mais aussi de modifier légèrement le tracé du lit, et de créer une zone de régulation du transport solide, dans l’objectif de permettre à une lave de 80 000 m3 environ de transiter sans générer de dégâts.

La visite de l’ouvrage du Bourgeat, toujours sur la commune des Houches, permet de visualiser un ouvrage mixte protégeant contre les avalanches, et ayant également un impact et un rôle de protection contre les crues torrentielles. Cet ouvrage, vieux d’une trentaine d’années, est l’objet d’études visant à renforcer son rôle contre les avalanches, mais doit dans le même temps être adapté pour optimiser son impact sur les écoulements torrentiels.

 

Vendredi 1 juillet, 9h-13h

Descriptif :

1er arrêt – Travaux du Nom – centre-ville de Thônes : Le premier arrêt est le site du cours d’eau du Nom dans le centre-ville de Thônes, sur lequel est dans cours des travaux de recalibrage hydraulique. Ces travaux, démarrés en septembre 2021, visent à réduire la vulnérabilité du centre-ville de Thônes contre les inondations, notamment face à la crue centennale.

Cette opération de recalibrage permettrait:

  • D’améliorer la capacité hydraulique du Nom (débit) ;
  • De mettre au gabarit les ouvrages de traversée existants (ponts et passerelles) ;
  • D’améliorer la continuité écologique par arasement des seuils.

Cet arrêt est aussi l’occasion d’évoquer l’étude de dangers des systèmes d’endiguement du bassin versant du Fier qui est en cours sur le territoire et déboucherait prochainement sur la demande d’autorisation de ces systèmes.

 

2ème arrêt, le pont de Bélossier – cours d’eau du Malnant, Thônes :

Le Malnant est un affluent en rive gauche du Fier, caractérisé par un régime torrentiel se traduisant par des crues avec des apports solides importants et une capacité de charriage élevée, sources de plusieurs évènements et de dégâts dans le passé. Un arrêt sur le site du pont de Bélossier, en aval du Malnant, permet de présenter la problématique d’incision généralisée sur ce cours d’eau, résultant de deux phénomènes concomitants : une érosion progressive et une érosion régressive.

 

3ème arrêt, digue du Fernuy – la Clusaz :

Le dernier arrêt s’est effectué sur la commune de la Clusaz, dont les zones urbanisées sont concernées notamment par les cours d’eau du Nom, et du Nant. Ces cours d’eau ont par le passé provoqué des inondations importantes dans la traversée du chef-lieu, et on fait l’objet de plusieurs types d’aménagements. Cet arrêt permet d’observer la digue du Fernuy, qui est un ouvrage hydraulique, permettant de retenir les écoulements du cours d’eau du Nant et de protéger le centre-ville du risque inondation. Cet arrêt fait l’objet d’une explication plus générale de la problématique inondation sur la commune et des aménagements de protection mis en place.

 

Cette visite a été animée principalement par Philippe Martin, du bureau Hydretudes, ainsi que de Pierre Barrucand, élu de la CCVT vice-président en charge de la GEMAPI et des risques, vice-président au SILA (Syndicat Intercommunal du Lac d’Annecy).

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