Vers une gouvernance adaptée et une gestion intégrée des aquifères captifs de Gascogne

De la connaissance partagée à l’émergence d’un cadre de gestion des eaux souterraines

Exploités de longue date sans cadre de gestion global, les aquifères captifs de Gascogne font aujourd’hui l’objet d’une attention renforcée en raison de la diminution continue de leurs niveaux et des enjeux croissants liés aux usages. À la demande du comité de bassin Adour-Garonne, l’EPTB Adour a engagé une démarche visant à structurer la connaissance, fédérer les acteurs et préparer l’émergence d’un SAGE dédié aux eaux souterraines de Gascogne. En parallèle, une labellisation d’EPTB a été reconnue à l’échelle des aquifères captifs de Gascogne, correspondant au périmètre de ce SAGE.

Les aquifères captifs de Gascogne constituent une ressource stratégique pour le bassin de l’Adour. Face à la baisse continue des niveaux des nappes et à l’absence de cadre de gestion, l’EPTB Adour a structuré une démarche collective visant à poser les bases d’une gouvernance et d’une gestion durable des eaux souterraines.

Situation

Au sud du bassin Aquitain, incluant le sous-sol du bassin de l’Adour, se trouve un ensemble d’aquifères profonds, dits aquifères captifs de Gascogne, distincts des bassins versants de surface sur lesquels l’Institution Adour est labélisée EPTB. Ces nappes constituent un véritable réservoir stratégique, mobilisé principalement pour l’alimentation en eau potable, mais également pour l’industrie, le thermalisme et l’agriculture.

Contexte et enjeux

Les suivis piézométriques montrent une diminution continue des niveaux des nappes captives, atteignant pour certains aquifères environ 20 mètres en quarante ans, sur une ressource dont le renouvellement ne s’opère pas à l’échelle de temps humain. Les enjeux sont multiples : préserver durablement la ressource quantitative, préserver les capacités d’exploitation sur le (très) long terme, éviter les risques de dégradation de la qualité liés à des intrusions d’eaux superficielles, et anticiper les évolutions futures des usages dans un contexte de changement climatique. Il s’agit notamment d’éviter un report massif et non encadré des prélèvements depuis les eaux de surface vers les eaux souterraines, alors que les tensions sur le quantitatif s’accentuent déjà sur les cours d’eau.

Déroulé et gouvernance

À la demande du comité de bassin Adour-Garonne, l’EPTB Adour a été sollicité pour porter une première démarche collective sur ces aquifères, en cohérence avec son périmètre d’intervention et son rôle d’animation territoriale.

Entre 2018 et 2020, une étude socio-économique a été conduite par le BRGM, avec le soutien de l’Agence de l’eau Adour-Garonne dans le cadre d’une convention recherche et développement. Cette étude visait à mesurer l’importance socio-économique des nappes profondes et à réunir l’ensemble des usagers concernés afin d’engager un dialogue structuré sur les usages et les perspectives de gestion.

Résultats et bénéfices

La démarche a permis de fédérer des acteurs aux intérêts parfois divergents autour d’un état des lieux partagé. Elle a mis en évidence les interdépendances fortes entre usages des eaux souterraines et des eaux de surface, ainsi que la nécessité d’une approche globale et intégrée.

Les travaux ont conduit à une prise de conscience collective des limites de la ressource et à l’interdépendance entre qualité et quantité de la ressource. Ces ressources captives, souvent profondes, ont un fonctionnement singulier qui nécessite une approche de gestion dédiée et spécifique. La démarche a permis d’envisager des leviers de gestion adaptés et à construire collectivement, tels que la définition de volumes maximaux de prélèvement par nappe et par secteur, la protection des zones de vulnérabilité, la fixation de niveaux limites de nappe en deçà desquels des risques de dénoyage des réservoirs compromettrait leur exploitation et induirait un risque d’intrusion d’eaux superficielles.

À l’issue de ce travail, et en s’appuyant sur les retours d’expérience existants en matière de gestion des eaux souterraines — notamment ceux du SMEGREG (EPTB des nappes profondes de Gironde), ainsi que des SAGE de la nappe Astienne et de la nappe des Grès du Trias inférieur dans les Vosges — l’EPTB Adour a accompagné les acteurs du territoire vers un consensus sur l’outil le plus adapté à la gestion durable de cette ressource stratégique.

Cette trajectoire s’est structurée de manière progressive, avec l’élaboration d’une charte de gouvernance, puis la définition d’un périmètre pertinent de SAGE, conduisant à son émergence en 2025.

En parallèle, afin d’asseoir sa légitimité et sa capacité d’action sur ce nouveau périmètre, l’EPTB Adour a sollicité et obtenu en 2025 la reconnaissance en tant qu’EPTB des aquifères captifs de Gascogne, renforçant ainsi son rôle dans la gouvernance et la gestion des aquifères captifs de Gascogne. Ceci permet une couverture cohérente et homogène des aquifères captifs du bassin Aquitain dans son ensemble, avec le SAGE des nappes profondes de Gironde et l’EPTB SMEGREG au nord et le SAGE des eaux souterraines de Gascogne et l’EPTB des aquifères captifs de Gascogne (Institution Adour) au sud.

Enseignements

Ce retour d’expérience montre qu’un EPTB, même historiquement centré sur les eaux superficielles, peut jouer un rôle clé dans la structuration de la gouvernance des eaux souterraines lorsqu’il dispose d’une légitimité territoriale et d’une capacité d’animation reconnue.

La réussite de la démarche repose sur la combinaison d’une expertise scientifique solide, d’un dialogue entre tous les usagers et d’une vision prospective intégrant les enjeux d’aménagement du territoire et de changement climatique. Elle illustre également l’importance de progresser par étapes, en construisant d’abord un socle commun de connaissances avant d’engager des outils de gestion réglementaires.

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En images
Localisation des nappes profondes de l’Adour et prélèvements (Source : Institution Adour)

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