La démarche conservatoire de l’EPTB Saône et Doubs : l’exemple de la restauration des prairies et forêts alluviales des vallées de la Saône et du Doubs

Historiquement transformée en peupleraie en forêt alluviale et soumise à des pratiques de drainage ou d’exploitation, cette portion du Val de Saône a vu ses milieux humides fortement altérés. Le projet de l’EPTB Saône et Doubs consiste à redonner au site ses fonctions naturelles. Pour ce faire, l’EPTB a acquis ce site et engagé des études et travaux de restauration. Dans le cadre d’un accord de partenariat, ce site a également été labellisé Espaces Naturels Sensibles (ENS) « Prairies et forêts inondables du Val de Saône » par le département de Côte d’Or.

Depuis l’acquisition, un plan de gestion a été élaboré, accompagné d’un programme de restauration. Il s’agit non seulement de restaurer des habitats naturels – prairies humides, boisements alluviaux, annexes hydrauliques, roselières, mares, etc. – mais aussi de restaurer les fonctions écosystémiques du site : stockage et épuration de l’eau, recharge des nappes, atténuation des crues, maintien d’un réservoir de biodiversité.

Des inventaires de biodiversité (flore, faune) ont été menés dès 2017-2018, révélant la présence de nombreuses espèces patrimoniales, souvent protégées ou classées « liste rouge ».

Suite à l’acquisition en 2017 d’un site inondable de près de 40 ha entre Poncey-lès-Athée et Lamarche-sur-Saône, l’EPTB Saône et Doubs a engagé un plan de gestion visant à restaurer les fonctionnalités hydrologiques et écologiques de cette zone humide typique du Val de Saône : restauration des prairies et forêts alluviales, reconquête de la biodiversité, amélioration de la gestion de l’eau et des crues.

Chiffres clés
  • Superficie du site acquis : environ 40 ha.
  • Coût d’acquisition : 140 620,00 €.
  • Financement : pour 34 ha, co-financement assuré par l’Agence de l’Eau Rhône‑Méditerranée & Corse (55 %), le Conseil Départemental de la Côte-d’Or (40 %) et l’EPTB (5 %) ; 4 ha sont financés par SNCF Réseau dans le cadre de mesures compensatoires.
  • Période de planification : un plan de gestion 2020–2026 a été établi.

Enjeux / Contexte

Quel problème ou besoin ce projet cherche-t-il à résoudre ?

Le contexte justifiant ce projet est double. D’une part, la régression importante des prairies inondables au profit des cultures et des peupleraies a provoqué la dégradation des milieux ouverts et des zones humides – avec pour conséquence la perte d’habitats naturels essentiels pour la faune et la flore patrimoniales.

D’autre part, face aux défis du dérèglement climatique, la préservation des zones humides apparaît comme un enjeu majeur : elles jouent un rôle clé dans la régulation hydrologique (stockage de l’eau, recharge des nappes captives pour l’eau potable, atténuation des crues), l’épuration naturelle des eaux, ainsi que le maintien de la biodiversité.

Le besoin était donc de réhabiliter ces milieux pour garantir des usages du sol compatibles avec ces enjeux – au-delà de la simple conservation, restaurer un fonctionnement « naturel » et durable.

Lien stratégie / planification bassin – Plus-value du portage par un syndicat de bassin

Le projet s’inscrit dans la stratégie globale de l’EPTB Saône et Doubs, qui coordonne la gestion de nombreux sites de zones humides, prairies, forêts alluviales, cours d’eau et annexes hydrauliques le long des vallées de la Saône et du Doubs.

Ce projet bénéficie d’une vision à l’échelle territoriale et d’une gouvernance solide, capable de mobiliser des financements variés (Agence de l’Eau, conseil départemental,  compensations SNCF-Réseau…), d’assurer le suivi écologique, hydrologique et foncier, et de coordonner les acteurs impliqués (collectivités, associations, services de l’État, usagers). Cela permet d’intégrer restauration écologique, gestion de l’eau et enjeux agricoles/sociaux dans un même projet cohérent.

Déroulé et Gouvernance

Le projet a été lancé après l’acquisition du site en août 2017. Dès l’acquisition, des inventaires naturalistes (végétation, faune, habitats) ont été menés – entre 2017 et 2018 pour les inventaires initiaux, puis des études plus approfondies (chiroptères, invertébrés, fonctions hydriques, suivi piézométrique, etc.) ont suivi en 2021–2022.

Un plan de gestion 2020–2026 encadre l’ensemble des actions de restauration et de gestion conservatoire.

La gouvernance s’appuie sur un comité de gestion du site (réunions annuelles) réunissant les parties prenantes – EPTB, collectivités, associations, services de l’État, financeurs.

Un travail de concertation et de partenariats a permis d’assurer un financement durable, de garantir un portage durable, et de définir les modalités techniques de restauration (remise en eau, limitation du drainage, gestion des prairies et boisements, entretien, suivi environnemental).

Résultats & Impacts / Bénéfices attendus ou observés

Grâce aux travaux, la zone a vu ses anciennes pratiques de drainage annulées : d’anciens drains ont été effacés, favorisant la rétention d’eau dans les sols – restauration d’un fonctionnement hydrologique plus naturel.

Des connexions naturelles entre la zone humide et la Saône ont été rétablies, ce qui favorise la dynamique hydraulique et la biodiversité associée.

Une partie de l’ancienne peupleraie a été reconvertie en prairies de fauche, recréant des milieux ouverts essentiels aux oiseaux de prairie menacés et à une flore spécifique.

À terme, les retombées attendues sont multiples : amélioration de la qualité et de la régulation de l’eau, recharge des nappes captives d’eau potable, atténuation des risques d’inondation, maintien/restauration de la biodiversité, création d’un réservoir écologique pérenne, valorisation paysagère, et éducation à la nature.

Ces actions renforcent également la résilience du territoire face aux aléas liés au changement climatique – en contribuant à la gestion des crues, à la disponibilité en eau et à la préservation des services écosystémiques.

Enseignements

Ce projet montre l’importance du portage territorial par une structure de bassin (EPTB) capable de fédérer des acteurs divers, de mobiliser des financements multiples, et de combiner restauration écologique, hydrologique et foncière dans une vision globale.La démarche – acquisition, inventaire, plan de gestion, travaux, suivi – constitue un modèle reproductible pour d’autres secteurs en cours de dégradation. La restauration des fonctions écologiques des zones humides ne relève pas uniquement d’un intérêt environnemental mais d’un intérêt collectif pour la gestion de l’eau, la prévention des crues, la préservation de la biodiversité et de la ressource en eau potable.

Pour en savoir plus
restauration de prairies et forêts inondables - EPTB Saône et Doubs

La démarche conservatoire de l’EPTB Saône et Doubs : l’exemple de la restauration des prairies et forêts alluviales des vallées de la Saône et du Doubs