Gestion quantitative de la ressource en eau sur le bassin des Gardons – le rôle central de l’EPTB

Depuis les années 2000, le bassin des Gardons connaît des tensions croissantes sur la ressource en eau, liées à la variabilité climatique, au régime méditerranéen, à des géologies karstiques favorisant les infiltrations, et à des usages multiples (principalement eau potable et irrigation).

Face à ces enjeux, l’EPTB Gardons, en coordination avec la CLE des Gardons, a piloté un diagnostic approfondi (via un Plan de Gestion Concertée de la Ressource – PGCR dès 2007) pour établir un bilan quantitatif de la ressource et des débits objectifs d’étiage. Le diagnostic reposait sur des données historiques – débits, pluviométrie, prélèvements – et a conduit à définir des débits-cibles mensuels par sous-bassin, visant à concilier les besoins des milieux aquatiques et les usages humains. Cette démarche a été réactualisée en 2011 par la réalisation d’une Etude Volumes prélevables (2015) puis en partie entre 2016 et 2018 avec la mise en place d’un Plan de Gestion de la ressource en Eau (PGRE) visant à résorber le déficit quantitatif observé sur le bassin versant par un programme d’actions. Le PGRE est en phase d’évaluation (2025-2026) et sera prolongé par un PTGE (Projet de Territoire pour la Gestion de l’Eau) dont l’élaboration débute en 2026 et intègre une dimension forte associée au changement climatique.

Pour affiner la connaissance de la ressource, l’EPTB a mis en place un réseau hydrométrique et piézométrique : 6 stations pour le suivi des débits en période d’étiage (2 stations supplémentaires en projet pour 2026) et 23 piézomètres sur les masses d’eau souterraines prioritaires. Ce dispositif permet un suivi régulier, des relevés fréquents (mesures automatiques toutes les 5 minutes sur les stations hydrométriques), la construction de courbes débit/hauteur fiables, ainsi que le suivi des pertes et résurgences liées aux karsts.

En 2022, un guide d’accompagnement a été publié pour aider les communes, intercommunalités, bureaux d’étude et services GEMAPI à traduire ces orientations dans leurs documents d’urbanisme (SCoT, PLU, PLUi). Cette démarche structurée vise à garantir la compatibilité des documents d’aménagement avec le SAGE Charente et à favoriser une gestion intégrée de l’eau : disponibilité de la ressource, réduction des ruissellements et inondations, maintien des milieux aquatiques et des continuités écologiques.

Sur le bassin des Gardons, l’EPTB Gardons porte une démarche de gestion quantitative pour faire face aux tensions en eau en période d’étiage aujourd’hui et demain en combinant suivi hydrologique et piézométrique, amélioration des connaissances sur la ressource en eau et actions concertées sur les usages. Un modèle de gouvernance locale pour préserver la ressource et les milieux aquatiques.

Situation

Le projet concerne l’ensemble du bassin versant des Gardons, d’une superficie d’environ 2 000 km², sur 171 communes, depuis les Cévennes (Lozère/Gard) jusqu’à la plaine d’Aramon en aval.

Info et chiffres clés

  • Le bassin :  2 000 km², 171 communes, 203 000 habitants.
  • 6 stations hydrométriques installées par l’EPTB Gardons pour le suivi des étiages, 2 supplémentaires en projet
  • 23 stations piézométriques réparties sur 6 grands systèmes aquifères, pour le suivi des nappes

Partenaires et soutiens

L’initiative est portée par l’EPTB Gardons, syndicat de bassin, regroupant plusieurs intercommunalités (Alès Agglomération, Nîmes Métropole, et 6 communautés de communes).

La démarche s’inscrit dans le cadre d’un plan de gestion initié en 2007 et régulièrement réactualisés, élaboré avec la participation de la CLE des Gardons (Commission Locale de l’Eau).

Contexte, enjeux et objectifs

Le projet vise à résoudre un double problème : d’une part, le manque de connaissance fiable et fine de la ressource – notamment en période d’étiage ou dans les zones karstiques —, ce qui rendait la gestion incertaine. D’autre part, un déséquilibre entre disponibilité de la ressource et demandes croissantes (usages domestiques, agricoles, industriels, milieux aquatiques), particulièrement contraignant en contexte méditerranéen de sécheresse ou de basses eaux.

L’objectif global est d’optimiser la gestion quantitative de l’eau, de garantir les usages (eau potable, irrigation, activités économiques) tout en préservant les milieux aquatiques et la pérennité de la ressource, notamment face au changement climatique. Cela implique une gestion coordonnée, anticipée et adaptative.

–      Lien stratégie / planification / programmation bassin

Le projet s’inscrit dans le cadre du PGRE des Gardons, élaboré entre 2016 et 2018 par la CLE des Gardons assistée de l’EPTB puis validé par le Préfet en décembre 2018.
Le PGRE découpe le bassin en 15 sous-bassins, permet un bilan besoins/ressources pour chacun, et définit des débits-cibles ainsi qu’un volume « prélevable » pour garantir le bon fonctionnement des milieux et des usages.
La stratégie combine surveillance (stations hydrométriques / piézométriques), amélioration des connaissances (eaux souterraines, usages…), et accompagnement des utilisateurs (irrigation, AEP, ), et actions de gestion (optimisation des prélèvements, économies d’eau, suivi des usages).

–      Plus-value du portage par un syndicat de bassinLe fait que ce projet soit piloté par un syndicat de bassin – l’EPTB Gardons – garantit une approche locale, globale et intégrée en pleine concertation avec la Commission Locale de l’Eau dont l’EPTB est porteur : toutes les communes, intercommunalités et usagers du bassin sont réunis autour d’un même projet de gestion, ce qui permet de prendre des décisions collectives, concertées, adaptées au territoire.
Cette gouvernance favorise la cohérence des actions sur l’ensemble du bassin, la mutualisation des moyens (techniques, financiers), le partage des données, et une vision à long terme – conditions indispensables pour répondre aux défis liés au changement climatique.

Déroulé & Gouvernance

Le projet s’est construit d’abord par un diagnostic global (PGCR, puis PGRE) – recueil des données historiques, des usages, des prélèvements, des périodes de basses eaux, des caractéristiques géologiques et hydrogéologiques (karsts, nappes, etc.).
Puis une phase de concertation a été menée via la CLE des Gardons, réunissant collectivités, représentants des usages, associations, acteurs économiques, services de l’État… Ce travail collectif a conduit à un compromis entre les attentes du territoire et les besoins d’actions, et a permis l’adoption du PGRE.

La mise en œuvre technique a consisté à lancer de très nombreuses actions dont la création d’un réseau de suivi hydrologique – 6 stations hydrométriques pour l’étiage, piézomètres pour les nappes souterraines —,en partenariat avec le CNRS pour les eaux superficielles et le BRGM pour les eaux souterraines avec installation, suivi en temps réel, jaugeages, mesures piézométriques, etc.

Des plans locaux de gestion ont été définis sur des sous-bassins prioritaires (Gardon de Saint-Jean, la Salindrenque, Gardon de Mialet, Galeizon), déclinaison opérationnelle du PGCR avec accompagnement des gestionnaires de béals (canaux d’irrigation traditionnels) et plus généralement de préleveurs, accompagnement à la mise en conformité des prises d’eau, comptages, optimisation des prélèvements…

Résultats & impacts

Grâce au suivi et à la gestion mise en place par l’EPTB Gardons :

  • Il est désormais possible d’identifier plus précisément les périodes et secteurs de déficit quantitatif,
  • Le renforcement des données piézométriques et hydrométriques améliore la connaissance de la ressource en eau et plus particulièrement des interactions entre nappes souterraines et cours d’eau, des pertes en karst, des résurgences – base indispensable pour anticiper les tensions et adapter les prélèvements.
  • Ce travail contribue à la préservation des milieux aquatiques, en garantissant des débits-cibles qui permettent de maintenir les habitats aquatiques et la biodiversité, même en période d’étiage.
  • Indirectement, la gestion quantitative s’inscrit dans la réduction des conflits d’usage (irrigation, AEP, environnement)

En outre, ce cadre renforce la résilience du territoire face au changement climatique : en anticipant les faibles pluies, les sécheresses, les pertes liées aux karsts, le bassin dispose d’outils de suivi et de gestion pour améliorer l’adaptation des prélèvements et la régulation des usages, préserver la ressource, et limiter les impacts sur les milieux.

Enseignements

Le cas de l’EPTB Gardons montre qu’une gestion de l’eau intégrée, locale et concertée, fondée sur des données solides et un suivi rigoureux, est possible – même dans un contexte méditerranéen sujet à de fortes variations hydrologiques. C’est un modèle d’anticipation et de gouvernance collective, combinant exigences écologiques et usages humains.

Cela illustre aussi l’importance de la connaissance (suivi, observations, données), on ne peut difficilement gérer ce que l’on connait pas ou mal.. Le réseau hydrométrique et piézométrique constitue une base d’information indispensable pour des décisions éclairées, adaptatives, et partagées.

Pour en savoir plus

  • Site de l’EPTB Gardons – page « Ressource en eau – quantité » https://www.les-gardons.fr/eptbgardons/les-actions/les-actions-ressource-en-eau-quantite
  • PGRE des Gardons – document de planification du bassin versant https://www.les-gardons.fr/plans-actions/plan-ressource-en-eau
  • Rapport d’activité 2024 de l’EPTB Gardons – détail des stations hydrométriques, des jaugeages, etc. https://www.les-gardons.fr/eptbgardons/le-syndicat/deliberations-comite-syndical

Pertes du Gardon à Cruviers Lascours

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