À partir de fin 2016, l’EP Loire a lancé une analyse exploratoire à l’échelle du bassin pour repérer les potentialités des zones d’expansion de crues (ZEC) – c’est-à-dire des secteurs naturels, agricoles, peu urbanisés, susceptibles d’accueillir temporairement un surplus d’eau en période de crue.
L’approche repose sur trois axes : recenser les ZEC existantes ou potentielles, évaluer leur capacité de stockage et leur faisabilité (technique, écologique, sociale), puis prioriser des territoires pour des déclinaisons opérationnelles – déjà amorcées sur 24 « zooms territoriaux » comprenant notamment des affluents.
Dans ces travaux, l’EP Loire mise sur une synergie entre “infrastructures dures” (digues, barrages, ouvrages hydrauliques) et “infrastructures souples” (ZEC, milieux naturels restaurés) pour une gestion plus résiliente du risque d’inondation.
Sur l’ensemble du bassin de la Loire et de ses affluents, l’EP Loire a initié dès 2016 une analyse des zones d’expansion de crues (ZEC) : 6 300 secteurs potentiels identifiés pour stocker temporairement les crues, réduisant le risque d’inondation tout en favorisant les milieux naturels. Ce « triptyque » – diagnostic, concertation, interventions – illustre la transition vers des solutions « mixtes : infrastructures dures + souples ».
Informations clés
- Cette démarche s’inscrit dans le cadre plus large du dossier de gestion du risque inondation du bassin, notamment le Plan Loire Grandeur Nature et le Plan de Gestion du Risque Inondation Loire-Bretagne (PGRI).
- 6 300 zones d’expansion de crues (ZEC) potentielles ont été identifiées à l’échelle du bassin, correspondant à environ 5 700 km².
- Une étude spécifique sur le bassin du Loir (2019–2021) a montré que, dans ce sous-bassin, environ 7 % de la population vit en zone inondable.
Enjeux et contexte
Le projet vise à réduire le risque d’inondation en tirant parti des zones naturelles d’expansion des crues, afin de diminuer l’impact des crues sur les personnes, les biens, l’économie et les infrastructures.
Contexte : le bassin de la Loire – connu pour ses crues historiques – reste vulnérable malgré digues et barrages.
Le projet tente de répondre à un besoin de gestion intégrée, à l’échelle du bassin, au-delà des logiques communales ou départementales, car le phénomène de crue ne s’arrête pas à ces limites.
– Lien Stratégie / planification / programmation bassin
La démarche s’insère dans les grands cadres planifiés du bassin : Plan Loire Grandeur Nature pour la gestion intégrée du fleuve, et le PGRI Loire-Bretagne, qui fixe comme priorité la préservation des capacités d’écoulement et des zones d’expansion des crues.
Les ZEC sont considérées comme des « solutions fondées sur la nature », alignées avec les orientations du SDAGE (schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux) du bassin.
– Plus-value du portage par un syndicat de bassin (EP Loire)
Porter cette démarche à l’échelle de l’ensemble du bassin par EP Loire garantit cohérence hydraulique amont-aval : éviter les effets négatifs d’actions isolées.
L’EP Loire a pu mobiliser des effets leviers : mutualisation de l’expertise, accès à des financements (notamment européens via FEDER), coordination entre nombreux acteurs (collectivités, État, agences de l’eau, associations, usagers).
Cette approche supra-territoriale permet aussi de prioriser les actions sur les sites les plus pertinents – là où le potentiel de stockage et l’exposition au risque sont les plus importants.
Déroulé et Gouvernance
- Diagnostic global (phase 1) : capitalisation des connaissances existantes (études hydrauliques anciennes, modélisations, PPRI, SAGE, études « 3P » sur l’Allier, etc.).
- Identification et hiérarchisation des ZEC potentielles (phase 2) : estimation des capacités de stockage, évaluation des enjeux, vulnérabilité, faisabilité – technique, écologique, sociale, financière.
- Concertation et partenariats : mobilisation des collectivités territoriales, des services de l’État, de l’agence de l’eau, des gestionnaires d’espaces (SAFER, Conservatoires d’espaces naturels, etc.), des SAGE (schémas d’aménagement et de gestion des eaux).
- Déclinaisons territoriales sur 24 zooms : certains affluents et sous-bassins retenus pour des études plus fines et éventuelles actions opérationnelles.
Résultats et impacts
- Confirmation que les ZEC fonctionnent comme des tampons naturels : elles permettent de ralentir et d’écrêter les crues, entraînant un débit en aval réduit – ce qui diminue la hauteur d’eau et les dommages potentiels.
- Sur le Loir, la préservation des ZEC existantes est privilégiée plutôt que la création de nouvelles – les modélisations montrant qu’en l’état, les volumes à stocker lors de crues majeures sont trop importants pour être efficacement gérés via des aménagements ponctuels.
- Contribution à la réduction de la vulnérabilité des territoires exposés (populations, activités économiques, infrastructures) – notamment en offrant plus de temps d’alerte, en limitant les hauteurs d’eau, et en permettant une gestion plus préventive des crues.
- Co-bénéfices environnementaux : la préservation / restauration de ces zones favorise les milieux naturels, la biodiversité, la qualité de l’eau, la résilience écologique face aux variations hydrologiques.
En termes d’adaptation au changement climatique, ces ZEC représentent une approche souple et durable : moins dépendantes d’infrastructures lourdes souvent coûteuses, elles s’inscrivent dans une gestion adaptative du risque, capable d’évoluer avec les aléas hydrologiques.
Enseignements et perspectives
- Toute valorisation des ZEC nécessite une concertation locale fine entre collectivités, usagers, agriculteurs, gestionnaires fonciers.
- L’efficacité de la démarche dépend de la préservation des sols non artificialisés – l’urbanisation, le remblaiement, la densification en zone périurbaine ou en aval peuvent réduire fortement la capacité de stockage naturelle. Ceci souligne l’importance de politiques d’urbanisme cohérentes avec les objectifs de résilience.
- À l’échelle du bassin, la combinaison des ZEC avec des infrastructures « dures » reste indispensable : le mix digues + ZEC + renaturation + gestion des zones humides offre la meilleure résilience.
Perspectives : densifier les études localisées (zoom territoires), intégrer les ZEC dans les plans d’urbanisme, encourager les solutions fondées sur la nature, développer un réseau « ZEC » à l’échelle du bassin, et renforcer la coordination entre acteurs.
Ces travaux ont également permis d’alimenter plusieurs démarches de programmes d’études préalables à un PAPI comme sur le Cher (affluent de la Loire). Fin 2025, ces actions sont en réflexion et permettrons peut-être d’aboutir à la réalisation de travaux dans le cadre de la mise en œuvre des PAPI correspondants.
Ce retour d’expérience a été relu et validé par l’établissement.
En savoir plus
- Page prévention – Etablissement Public Loire
- « Exploitation des zones d’expansion de crues » – site EP Loire.
- « Les zones d’expansion de crues (ZEC) : potentiel de réduction des inondations sur le bassin de la Loire et ses affluents » – livret ZEC.
- Étude ZEC pour le bassin du Loir (CLE / SAGE Loir, 2019–2021).
- Etude ZEC sur le SAGE Yevre-auron
- Etude ZEC sur le SAGE Yevre-auron sur le Cher Amont
- Vidéo : découvrez l’action de l’EP Loire concernant les Zones d’Expansion des Crues