Depuis le lancement du Contrat de rivières en 2017, le SIAC a mis en œuvre un programme global de gestion de l’eau et des milieux aquatiques sur le bassin Dranses–Est lémanique.
Pour la basse Dranse, l’opération de restauration physique visait à redonner de la liberté à la rivière – restauration de « tresses » (multiples chenaux), réouverture de bras morts, gestion de la végétation envahissante, réactivation du transport sédimentaire, protection des berges par génie végétal plutôt que par des renforcements lourds.
Ces interventions ont concerné le tronçon compris entre le pont de la Douceur et le delta de la Dranse, sur environ 4,5 km.
Le SIAC a piloté la restauration écomorphologique de la basse Dranse, dans le cadre du Contrat de rivières des Dranses et de l’Est lémanique. Sur plusieurs kilomètres, la rivière a été renaturée, ses berges stabilisées, des chenaux réouverts : l’objectif est de restaurer la dynamique naturelle, améliorer la biodiversité, et réduire les risques d’inondation.
Bassin / sous-bassin concerné
Le projet concerne le bassin versant des Dranses et de l’Est lémanique, et plus spécifiquement la basse Dranse – entre le pont de la Douceur et le delta de la Dranse, à l’aval.
Structures porteuses / acteurs
Le maître d’ouvrage est le SIAC, qui porte le Contrat de rivières des Dranses et de l’Est lémanique depuis 2017.
Ce contrat regroupe les intercommunalités du territoire (Thonon Agglomération, Communauté de communes du Haut Chablais – CCHC —, et Communauté de communes Pays d’Évian Vallée d’Abondance – CCPEVA).
L’Etat (services concernés, préfectorat) et des partenaires financiers comme l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse ainsi que le Conseil Départemental de la Haute-Savoie participent au financement et à la supervision.
Le projet mobilise également des bureaux d’études, des entreprises pour les travaux, et des associations/usagers via le comité de rivière.
Infos clés / chiffres
- Le bassin des Dranses et de l’est lémanique couvre environ 638 km², avec un linéaire cumulé de 210 km de cours d’eau.
- Le programme initial du Contrat de rivières prévoyait un budget global de 23 millions d’euros.
- Les travaux de restauration de la basse Dranse ont concerné un linéaire d’environ 4,5 km.
- Le montant de l’opération a été de l’ordre de 4,3 millions d’euros HT.
- Les financements proviennent d’environ 50% de l’Agence de l’eau, ~26% du Département, le reste étant autofinancé par les collectivités locales (Thonon Agglo, CCPEVA, etc.).
Enjeux / contexte – Quel problème ce projet cherche-t-il à résoudre ?
Au fil des décennies, notamment depuis les années 1950, l’urbanisation et l’aménagement des berges ont réduit l’espace de divagation naturelle de la Dranse. Le lit s’est rétréci, les bras secondaires se sont progressivement refermés, les bancs de graviers ont été colonisés par des plantes invasives (ex : Renouée du Japon, buddleia, solidage, faux acacia), ce qui a fortement altéré la dynamique sédimentaire et la biodiversité.
La crue de 2015 a révélé la vulnérabilité du secteur aval de la Dranse – le manque de zones d’expansion naturelles des crues augmentait le risque d’inondations.
Ainsi, le projet cherchait à restaurer le fonctionnement naturel de la rivière – mobilité, sédiments, biodiversité – tout en assurant une meilleure protection des biens et des personnes contre les crues.
- Lien stratégie / planification / programmation bassin
Le projet s’inscrit dans le cadre du Contrat de rivières des Dranses et de l’Est lémanique, signé en 2017, prolongé via un avenant pour 2023-2024 afin d’achever les actions non réalisées dans les délais initiaux.
Ce contrat formalise une gestion intégrée et concertée des milieux aquatiques, de la ressource en eau, de la biodiversité et des risques d’inondation à l’échelle cohérente du bassin versant.
Le SIAC, reconnu EPAGE depuis 2019, est l’animateur et maître d’ouvrage des actions prévues.
- Plus-value du portage par un syndicat de bassin
Le portage par le SIAC, une structure intercommunale couvrant 62 communes dont 40 sur le bassin versant, permet une vision à l’échelle globale – ce qui est essentiel pour traiter les dynamiques de rivière, sédimentation, continuité écologique et risques d’inondation de façon cohérente.
Grâce à la mutualisation des moyens (techniques, financiers, compétences), le SIAC peut mener des projets de grande ampleur, mobiliser des partenaires variés (collectivités, Etat, Agence de l’eau, associations, bureaux d’études), et coordonner les travaux selon des priorités définies de façon concertée.
La gouvernance via un comité de rivières offre un cadre participatif associant collectivités, usagers, associations, services publics – garant de la robustesse et de l’acceptabilité du projet.
- Déroulé / Gouvernance / méthode
Le projet a été conçu à l’issue d’un diagnostic global du bassin versant, dans le cadre du Contrat de rivières lancé en 2017.
Le comité de rivières, composé de représentants des collectivités, des usagers, des associations, des services publics, a défini les priorités, validé la programmation d’actions, le financement et les modalités de suivi.
Pour les travaux sur la basse Dranse, les interventions ont combiné des méthodes de génie végétal, des terrassements, la suppression de végétation envahissante, la réouverture de chenaux, la remise en mouvement sédimentaire, la reconquête des berges et la reconquête d’un « espace de bon fonctionnement » pour la rivière.
Le SIAC a veillé à minimiser les impacts sur les milieux naturels – par un phasage des travaux hors périodes sensibles, la préservation des habitats, la création de gîtes pour la faune, etc.
Financement et gouvernance financière : l’opération a été co-financée par l’Agence de l’eau, le Département, les collectivités locales, avec autofinancement ; la structure a mis en place un service GEMAPI à plein exercice pour assurer la gestion, le suivi technique, administratif et financier des actions.
Résultats & impacts / bénéfices
L’inauguration des travaux de la basse Dranse a eu lieu le 15 mars 2025, marquant l’achèvement d’un chantier de deux ans et demi.
Parmi les retombées attendues ou déjà constatées : la restauration de la dynamique naturelle de la rivière (transport sédimentaire, diversité des écoulements), la reconquête d’environ 19,7 hectares d’espace de bon fonctionnement pour la rivière, favorisant la biodiversité, la reconquête d’habitats aquatiques et rivulaires, et la lutte contre les espèces invasives (notamment la renouée du Japon).
Sur le plan de la protection des populations et des infrastructures, la renaturation et le réaménagement des berges améliorent la résilience face aux crues – l’ouverture de chenaux secondaires, la restauration des zones d’expansion des crues, la stabilisation des berges diminuent le risque d’inondation et d’érosion.
Ces travaux renforcent la qualité écologique du cours d’eau et sa capacité à absorber les épisodes hydrologiques extrêmes, ce qui constitue un atout face au changement climatique.
- Contribution à la résilience face au changement climatique
En rétablissant les dynamiques naturelles de la rivière (écoulement, sédimentation, zones de divagation), le projet augmente la capacité de la Dranse à absorber et à dissiper l’énergie des crues, à reconstituer des habitats, à favoriser la biodiversité, et à maintenir un bon fonctionnement écologique – des éléments clés pour faire face à des événements extrêmes potentiellement plus fréquents ou intenses.
De plus, la reconquête d’un espace de « respiration » de la rivière, la reconnexion des chenaux secondaires et l’amélioration de la continuité écologique participent à la robustesse du milieu face aux dérèglements hydrologiques.
Enseignements / réflexions
- Le portage par un syndicat de bassin – avec une gouvernance collective et transversale – permet de dépasser les limites communales et d’agir à l’échelle pertinente du bassin versant, ce qui est indispensable pour les questions hydrologiques, sédimentaires, écologiques et de gestion des crues.
- L’approche intégrée – prise en compte conjointe de l’hydromorphologie, de la biodiversité, de la gestion des eaux, et des risques – montre qu’on ne peut pas traiter l’eau comme un simple paramètre : il faut restaurer les processus naturels pour garantir la durabilité.
- La planification à long terme (contrat de rivières, avenants) permet de lisser les financements, d’assurer la continuité des projets, et de mobiliser des acteurs divers autour d’enjeux partagés.
- Les techniques de génie végétal, la renaturation, la gestion douce des berges, sont des leviers efficaces pour concilier sécurité – inondations, érosion – et préservation écologique.
Ce retour d’expérience a été relu et validé par l’établissement.
Pour en savoir plus (sources / liens)
- Site du SIAC – Présentation du Contrat de rivières des Dranses et de l’Est lémanique. https://www.siac-chablais.fr/contrat-de-rivieres/presentation/
- SIAC – Page “Travaux de la Basse Dranse”. https://www.siac-chablais.fr/contrat-de-rivieres/actions-en-cours/delegation-gemapi/travaux-de-la-basse-dranse
- Article “Restauration de la Basse Dranse : des travaux majeurs pour la protection et la biodiversité”, Département de la Haute-Savoie. https://hautesavoie.fr/restauration-de-la-basse-dranse-des-travaux-majeurs-pour-la-protection-et-la-biodiversite
- Rapport d’activité 2023 du SIAC, bilan des actions du contrat de rivières et de la préparation de la compétence GEMAPI. https://www.siac-chablais.fr/wp-content/uploads/2023/06/RA_2023_web.pdf