Au cœur de la vie des cours d’eau – l’action de l’EPTB Meurthe-Madon pour la restauration et la résilience des rivières

Le projet mené par l’EPTB Meurthe-Madon vise à restaurer le fonctionnement naturel du Madon et de ses affluents, en redonnant au cours d’eau ses annexes hydrauliques – bras morts, zones humides, prairies inondables, ripisylves – et à renaturer le lit et les berges là où des aménagements anciens, des seuils ou des obstacles perturbaient l’écoulement et la continuité écologique.

Pour le Val d’Arol, par exemple, les interventions ont consisté en restauration de la ripisylve, dégagement du lit mineur, plantations, réhabilitation des berges, création de passages à gué, mise en place de clôtures, aménagements pour le bétail (points d’abreuvement), suppression ou modification d’ouvrages gênants, et lutte contre les plantes invasives.

Dans le cadre plus large du PAPI Madon (Programme d’Actions de Prévention des Inondations), cette restauration des milieux aquatiques s’accompagne d’aménagements visant à réduire la vulnérabilité des territoires face aux crues : zones d’expansion des crues, reméandrage, arasement de seuils, protections locales, surveillance hydraulique, planification foncière, etc.

L’EPTB Meurthe-Madon conduit des actions intégrées de restauration hydromorphologique, de reconquête des annexes hydrauliques et de prévention des inondations, portées par la stratégie « Objectif Meurthe » et des partenariats locaux, afin d’améliorer la biodiversité, la sécurité et la résilience du bassin.

Chiffres clés
  • L’EPTB couvre 4700 km de cours d’eau sur l’ensemble de ses bassins (Meurthe, Madon, affluents de la Moselle).
  • Le programme initial PAPI Madon (labellisé en 2018, mis en œuvre depuis 2019 et terminé fin 2025) représentait un coût total d’environ 18 millions d’euros HT.
  • Le PAPI incluait à la fois des aménagements hydrauliques (1 Zone de Ralentissement Dynamique de crues, 1 système d’endiguement) mais aussi des opérations mixtes (création d’un chenal de crues), des solutions fondées sur la nature (reméandrage, arasement de seuils, zones d’expansion de crues) et des opérations de renaturation et de reconquête des milieux.
  • Dans le cadre de la restauration du Val d’Arol (affluent rive gauche du Madon) : 14 km restaurés de la source à la confluence.
  • Pour ces travaux : 1 680 mètres linéaires de plantations, 5 855 mètres linéaires de clôtures, 14 descentes d’abreuvement, 3 passages à gué, installation d’une pompe solaire.
  • Pour la restauration du Madon à hauteur du moulin de Bralleville, en accompagnement de l’effondrement d’un seuil, (lit du cours d’eau sur 230 mètres) : 850 arbres et boutures plantés, 5096 m² de berges ensemencées, budget de 123 000 € HT.

Enjeux

Le bassin du Madon est exposé à un risque inondation important, avec des crues récurrentes qui ont causé, notamment en 2006, des dommages significatifs sur les personnes, les biens, les infrastructures, les activités économiques et l’environnement.

Par ailleurs, le bon état écologique du Madon avait été altéré : le lit fluvial était morcelé par des ouvrages, les annexes hydrauliques avaient disparu ou étaient dégradées, la ripisylve affaiblie, ce qui compromettait la biodiversité, la reproduction des poissons (notamment le Brochet, espèce-repère), la continuité écologique, et la capacité du cours d’eau à remplir ses fonctions naturelles de régulation hydraulique.

Ainsi, le projet cherchait à répondre à deux besoins conjoints : restaurer les milieux aquatiques pour la biodiversité et redonner au cours d’eau ses capacités hydrauliques naturelles pour mieux prévenir les inondations.

–          Lien avec stratégie / planification

Le projet s’inscrit dans le cadre du PAPI Madon, labellisé en 2018, mis en œuvre depuis 2019 et terminé fin 2025. L’EPTB, en tant que structure de bassin, pilote une stratégie globale de gestion des risques d’inondation et de restauration des milieux aquatiques.

Les financements proviennent combinés de l’État (fonds Barnier), de l’Agence de l’Eau Rhin-Meuse, de la Région Grand-Est, des fonds européens (FEDER), des collectivités et de l’EPTB. Le budget 2026 de l’EPTB confirme la poursuite des études et des travaux sur le Madon et ses affluents (reméandrage, renaturation, protection contre les crues, restauration écologique) dans les prochaines années.

–          Plus-value du portage par un syndicat de bassin

Le fait de confier le portage à un syndicat de bassin comme l’EPTB Meurthe-Madon présente plusieurs atouts :

  • approche intégrée à l’échelle du bassin versant : inondation, milieux aquatiques, biodiversité – coordination entre communes, départements, région, État, associations, usagers.
  • capacité à mobiliser des financements divers (État, Europe, agence de l’eau, collectivités) pour des projets de grande ampleur.
  • cohérence entre restauration écologique et réduction du risque inondation (et non traitement ponctuel ou morcelé).
  • Mise en œuvre d’une solidarité de bassin par une mutualisation des connaissances, des expertises, des moyens techniques et financiers – plus efficace que des initiatives dispersées commune par commune.

Déroulé et gouvernance

Le projet s’est structuré progressivement :

  • Diagnostic global 2014–2016 (physique du Madon, modélisation hydraulique) pour identifier les zones à risque et le potentiel de restauration.
  • Labellisation du PAPI Madon en 2018, puis concertation des acteurs (collectivités, État, associations, usagers) pour définir les aménagements.
  • Lancement des travaux à partir de 2019 pour les premières annexes (Lemainville, Mattaincourt) puis élargissement aux affluents (Val d’Arol) et au cours principal (Madon, moulin de Bralleville).
  • Suivi, inventaires, restauration de la ripisylve, plantes envahissantes, aménagements hydrauliques, renaturation, replantations – en concertation avec riverains, usagers, collectivités.
  • Pour certaines opérations (ex. zones de rétention des crues) : démarches administratives (dossier loi sur l’eau : plus de  3000 pages et 2,5 ans d’instruction), enquête publique, déclaration d’utilité publique, servitudes – gage de pérennité et d’acceptation.

Résultats et impacts

À l’échelle du bassin : restauration ou création d’annexes hydrauliques – lieux de frayères pour poissons, habitats pour amphibiens, oiseaux, invertébrés, ripisylves – ce qui relance la dynamique écologique, la diversité des milieux, et la résilience des écosystèmes face aux aléas hydrologiques.

Sur le Val d’Arol : 14 km restaurés, plantations, réhabilitation des berges, création de gués, points d’abreuvement – ce qui améliore l’écoulement, la qualité des habitats aquatiques, l’abreuvement du bétail, la sécurité des berges, et la biodiversité.

Sur le Madon – moulin de Bralleville : 230 m de lit renaturé, 850 arbres/boutures plantés, 5 096 m² de berges re-végétalisées ; l’écoulement et la continuité écologique ont été durablement rétablis, la berge stabilisée, la route départementale protégée.

La restauration écologique s’articule avec la réduction du risque inondation : en redonnant un fonctionnement naturel au cours d’eau, en recréant des zones d’expansion, la capacité du territoire à absorber les crues est améliorée – ce qui renforce la sécurité hydrologique et la résilience face aux événements climatiques extrêmes.

Sur le plan institutionnel et de gouvernance, le projet a permis de mobiliser un large panel d’acteurs (fédérations, collectivités, État, agences …), de structurer une stratégie à l’échelle de bassin, et de pérenniser les interventions grâce à des financements stables.

–          Contribution à la résilience du territoire face au changement climatique

En restaurant les annexes hydrauliques, en renaturant les berges, en recréant des zones d’expansion des crues et en améliorant la continuité écologique, le projet renforce la capacité du bassin à absorber les variations d’écoulement – crues comme étiages – et à maintenir des habitats naturels.

Cela favorise une meilleure régulation hydrologique naturelle, renforce la biodiversité (facteur clé de résilience), améliore la qualité de l’eau, stabilise les berges, et réduit la vulnérabilité des territoires et des populations face aux événements extrêmes (pluies intenses, crues, sécheresses).

En cela, l’action de l’EPTB Meurthe-Madon constitue un exemple de gestion intégrée, anticipative et durable des cours d’eau, contribuant à l’adaptation des territoires au changement climatique.

Enseignements

Ce retour d’expérience montre qu’une approche de bassin – coordonnée, partenariale, combinant restauration écologique et gestion du risque – est non seulement possible, mais efficace. Elle permet de concilier objectifs environnementaux (biodiversité, milieux aquatiques) et enjeux humains (sécurité, prévention des inondations).

La restauration du Madon et du Val d’Arol illustre que des interventions concrètes (plantations, renaturation, aménagement hydraulique) peuvent produire des résultats visibles, durables, bénéfiques à la fois pour la nature et les habitants.

En savoir plus

Annexe hydraulique de la Justice à Haroué - avril 2023 © EPTB - M. Grosjean

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